A propos des costumes
L'idée d'habiller les chanteurs montagnards avec un costume présumé traditionnel est due tout d'abord à Alfred Roland avec ses quantante chanteurs dans les années 1838.
"Au début, il se composait d'un béret de couleur rouge, coiffure traditionnelle des montagnards, d'une petite veste bleue sur laquelle se rabattait un col blanc, d'une ceinture rouge, dont les extrémités tombaient le long de la jambe, et d'un pantalon blanc"
Voilà qui est assez différent du costume arboré de nos jours par les différents groupes de chanteurs montagnards. Les couleurs en particuliers ont subi toutes sortes de vicissitudes. Parlons, par exemple du béret qui de nos jours est marron : " Le béret, de rouge qu'il était, devint bleu en 1848. Il fallait montrer que la Société n'avait rien de commun avec les révolutionnaires."
Pour ce qui est des orphéons de Lourdes, mais les mêmes constatations pourraient sans doute être faites pour les autres groupes de la région, le costume dit traditionnel n'a été réintroduit qu'à partir de 1896. Auparavant, on s'habillait de façon élégante, mais, comme n'importe quel orphéon de France, en costume de ville (cf dans la rubrique "Historique", la photo de la Lyre indépendante).
En 1896, deux personnages épris de culture locale et éminents félibres, Simin Palay et son ami Miqueu de Camelat, entrent dans l'orphéon tarbais les "Troubadours Montagnards". Ils insufflent un esprit nouveau et les statuts de la société vont être entièrement réécrits dans une perspective localiste. A propos du costume, il est bien précisé que ces "artistes, poètes et chanteurs" "adoptent le costume des montagnards bigourdans".
Dans la foulée, on voit à Lourdes la création d'un nouvel orphéon, "Los Cantadous dét Labéda", qui va reprendre mot pour mot les statuts des "Troubadours Montagnards", et bien sûr le fameux costume.
Du coup, la "Lyre indépendante", orphéon concurrent, prise dans le mouvement, change de nom et de costume pour devenir la "Lyre Montagnarde de Lourdes".
Mais en 1929, "Lourdes-Orphéon", dans une ambition vraisemblablement de s'insérer dans un réseau d'ampleur nationale ne reprend pas le costume bigourdan, contrairement aux "Cantadous dét Labéda" de 1937, qui y reviennent, le clivage s'entend dans l'appellation des sociétés respectives, mais avec cette fois-ci des objectifs un peu différents des sociétés du début du siècle. Le tourisme de masse commence à faire son apparition, on trouve dans les membres des orphéons des hôteliers, l'exotisme du costume devient un argument de promotion touristique.
Après-guerre, la Société est une fois de plus réorganisée, et cette fois sous le nom qui ne variera plus jusqu'à nos jours de "Chanteurs Montagnards de Lourdes". Le costume traditionnel est à nouveau plébiscité, mais subira de nombreuses modifications avant d'arriver à sa forme actuelle qui continue de nourrir débats et controverses.
Au-delà des questions d'apparence, d'apparat et de sens symbolique, le costume joue un rôle important dans la vie du chanteur. Lorsqu'on entre dans la Société, on commence par apprendre le répertoire, et lorsque le nouveau chanteur semble pouvoir remplir sa fonction dans les concerts, on lui attribue un costume. C'est une sorte de rite d'intronisation qui lie le groupe et le chanteur qui devient responsable de l'image du groupe. De la même manière, on dit de celui qui quitte le groupe "il a rendu le costume", et les tractations jusqu'à cette rupture définitive sont parfois longues.
Le costume traditionnel que portaient les Chanteurs Montagnards de 1946 à 1989, se composait de:
- Une longue cape de bure marron
- un pantalon de bure marron
- un boléro blanc
- une ceinture large en tissu rouge
- une chemise blanche avec des petits pompons rouges accrochés au col
- un béret marron avec lui aussi des pompons rouges.
Pour le centenaire de l’association, ce costume de fête du 19eme siècle a été remplacé par la tenue des guides de haute montagne du début du siècle.
Ce costume se compose de :
- une veste type boléro rouge
- une culotte de bure marron
- un gilet droit blanc
- une chemise blanche
- des guêtres en laines blanches
- des sabots de bois et cuir noir
- un béret marron.